Une rescapée de la shoah
Conférence – témoignage de Mme Catherine Rübner
le 19 septembre 2012, au RC Les Reussilles
La shoah : également désignée sous le nom « Holocauste » est l’extermination systématique, par l’Allemagne nazie, des ¾ des Juifs européens. Elle est le seul génocide industrialisé de l’histoire.
Mme Rübner, maman de notre membre Stéphane, nous raconte au travers de son témoignage sa vie entre 1932, date de sa naissance et 1951, date de son mariage.
Son enfance, à Budapest, était, jusqu’à son entrée à l’école, celle d’une petite fille vivant dans une famille sans soucis matériels.
Bien que pas encore occupée par les Allemands, le sentiment anti-juif était latent en Hongrie et Kitty (c’est ainsi qu’on l’appelait à la maison) en a ressenti les effets dès sa 1ère année scolaire dans l’école du quartier par des remarques tels que, après une leçon de religion, « Vous avez tué Jésus » qui a dégénéré en pugilat entre les 3 filles juives et le reste de la classe.
L’année suivante elle est admise à l’école primaire juive.
Le 19 mars 1944, les troupes allemandes ont envahi la Hongrie, très pacifiquement puisque personne ne leur a opposé la moindre résistance.
Apparaissent alors les ordonnances anti-juives : Remise de tous les bijoux, port de l’étoile de David (dont la grandeur était réglementée), mise à disposition des logements pour toute personne aryenne qui en aurait le besoin et l’envie, etc.
Bien qu’il n’y ait eu aucun ghetto à Budapest, les juifs n’avaient pas le droit d’être dans les rues à l’exception de 2 heures par jour.
L’embarquement pour le camp de Bergen-Belsen a eu lieu le 1er juillet 1944, organisé par le « Groupe Kastner » qui contre espèces sonnantes et trébuchantes garantissait de les emmener en Palestine. Lieu complètement inconnu, ce camp était un « camp privilégié » puisque aucun travail, sauf l’entretien des lieux, n’était exigé.
C’est pendant ce séjour que sa soeur Eva est décédée de la rougeole suivie d’une pneumonie.
Après 6 semaines de séjour dans ce camp, à mi-août, 318 présents ont été appelés pour partir en Suisse. Arrivée le 21 août 1944, après une quarantaine à Montreux, installation aux Avants.
Chacun recevait un peu d’argent de poche. Avec son cousin, elle s’échappait pour aller jouer au baby-foot, sans dépenser plus de 20ct. réussissant à ne pas perdre la balle, donc de pouvoir jouer sans investir plus que le prix d’une partie pour chaque série.
Le 10 novembre de cette même année, départ pour Genève, où notre conférencière terminera ses écoles dites obligatoires puis ayant obtenu sa maturité poursuivra des études universitaires qui seront couronnées par une licence en mathématique et une en physique n’ayant pu suivre une formation de médecin interdite aux réfugiés.
Le 11 novembre 1951, Catherine Brezlauer a uni son avenir à Kurt Rübner avec qui elle a vécu 53 ans, 2 mois et 2 jours. 3 enfants sont nés de cette union, Eva, Ilona et Stéphane Artur d’où le nom de l’entreprise de Stéphane.
Aujourd’hui Mme Rübner est encore active, à temps partiel, comme psychanalyste.
Un grand merci pour ce témoignage, illustré par bien des anecdotes tristes mais aussi joyeuses.
Chacun est invité à lire les mémoires de Kurt Rübner et Kitty Rübner-Brezlauer, dite Catherine, parues sous le titre : Nos chemins vers la liberté.
La Ferrière, le 20 septembre 2012/bca